25 avril 2024
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Une motion pour améliorer l'offre de soins

Santé.

Dominique Soulet, conseiller délégué de Chartres métropole en charge des relations avec les établissements de santé

Les élus de Chartres métropole ont adopté le 24 mars dernier une motion qui identifie des leviers pour pallier le problème de la désertification médicale.

Explications avec Dominique Soulet, conseiller délégué de Chartres métropole en charge des relations avec les établissements de santé.


Votre Agglo : Qu'attendez-vous de cette motion ?

Dominique Soulet : L'Eure-et-Loir est le département de France le plus déficitaire en médecins généralistes et spécialistes. 22% des habitants de notre agglomération n'ont pas de médecin traitant. Nous demandons au Directeur général de l'Agence régionale de santé (ARS) de revoir d'urgence la cartographie de l'offre de soins dans l'agglomération.

Cette carte classe certaines parties de la zone urbaine en « Zone d'action complémentaire » (ZAC), l'ensemble du département étant classé en « Zone d'intervention prioritaire » (ZIP). L'incidence, c'est que les médecins qui s'installent privilégient la campagne, alors même que la zone urbaine est également très déficitaire dans ce domaine, si ce n'est davantage. Et cette tendance va s'accroître, puisqu'un professionnel sur deux est âgé de plus de 55 ans.

Dans les faits, c'est toute l'agglomération qui doit être classée en Zone d'intervention prioritaire.

VA : Parlez-nous de cette « clause de non-concurrence » entre les communes de l'agglomération. De quoi s'agit-il ?

DS : Il s'agit d'éviter la surenchère : attirer chez soi le professionnel de santé installé dans la commune voisine à coup de subventions et de remises de loyer n'a pas de sens et ne résout pas le problème de la pénurie de médecins à l'échelle de notre agglomération.

Chartres métropole se propose de mettre en place une instance de concertation, en association étroite avec le Conseil départemental de l'Ordre des médecins, qui étudiera les projets de maisons de santé pluridisciplinaires (MSP) pour aboutir à un maillage cohérent du territoire. Implanter en priorité des MSP dans les pôles de centralité, où sont déjà présents des services et des commerces, prend tout son sens. Cette réflexion vaut aussi bien en zone rurale qu'en zone urbaine.

VA : De quels leviers disposez-vous en termes de formation ?

DS : Chartres métropole soutient, aux côtés du Département et de la Région, les formations d'enseignement supérieur locales, dont l'Institut de Formation en Santé de Chartres. En lien avec les formations médicales et paramédicales existantes et à venir, nous souhaitons organiser, à l'instar d'un parcours résidentiel, un parcours de formation qui se déroule en totalité sur notre territoire : collaboration avec les maîtres de stage, développement d'une offre de logement étudiant, projet de campus santé...

VA : Vous souhaitez également lancer une expérimentation. De quoi s'agitil ?

DS : En concertation avec le Conseil de l'Ordre des médecins et le Syndicat des pharmaciens, nous sollicitons l'État pour devenir un territoire d'expérimentation visant à redonner du temps médical aux praticiens, au bénéfice direct des patients.

L'augmentation du nombre de médecins formés va prendre du temps. Mais des ajustements réglementaires peuvent produire des effets immédiats : par exemple, transférer des compétences à d'autres professionnels de santé ; faciliter le recours aux infirmières en Pratiques Avancées (IPA) et aux assistants médicaux ; créer une cotation spécifique « Consultation Longue en Médecine Générale » afin d'éviter de multiplier les consultations...

VA : Concrètement, comment allez-vous mettre en oeuvre cette motion ?

DS : Nous allons bien évidemment donner à cette motion toute la publicité qu'elle mérite et la transmettre aux services de l'État, qui se préoccupent aussi de cette question et doivent prendre en compte nos propositions.

Nous allons également nous rapprocher de nos partenaires habituels, le Département et la Région, qui ont eux aussi pour souci de pallier ce manque de médecins.

Nous allons enfin travailler avec l'Ordre des Médecins, mais aussi avec l'ensemble des professionnels de santé (infirmiers, masseurs-kinésithérapeutes, sages-femmes, chirurgiens-dentistes, pharmaciens), à la création de l'instance de concertation pour la création des MSP.

Nous sommes dans une situation d'urgence et il est nécessaire que chacun contribue à la résoudre. C'est ce que nous allons faire.