04 mai 2024
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Denonville, c'est toute une histoire

Patrimoine, histoire, mémoire

Denonville, c'est toute une histoire

Chaque mois, focus sur une commune de l'agglomération, en suivant l'ordre alphabétique. Découvrez son patrimoine, son histoire, sa mémoire…


Le château

Château Denonville

Le château, dont la vue générale impressionne, est précédé d'une douve sèche en forme d'hémicycle - franchie par un pont. Les longues ailes en retour, qui ferment au nord et au sud la cour d'honneur, comportent un seul étage sous comble. Ce sont les anciens "communs", construits à l'époque des Brisay, lignée de généraux "beaucerons" au service des rois de France. Le style employé – où les lucarnes des toits alternent frontons triangulaires et arqués – parait remonter au milieu du XVIIème siècle. Des années 1712-1716, subsistent les pavillons situés dans l'alignement du corps central et dont les chaînages sont eux aussi en pierre blonde.

Le corps central, aménagé en salons de réception et où l'on découvre encore l'escalier d'apparat, est entièrement rebâti vers 1770 par l'architecte Denis Claude Liégeon. Quatre tours sont élevées, couronnées d'un crénelage, dernière "survivance" – sur les fondations anciennes - du château médiéval. On prend le parti d'utiliser la brique, en réservant les bandeaux de pierre au soulignement des lignes architecturales - étages et des ouvertures. Ce style volontairement épuré, d'ambiance "néo-classique" apparente Denonville à plusieurs élégants châteaux de campagne anglais, ce qui est frappant depuis les jardins. Chambres d'hôtes et réceptions.

Plusieurs salles des communs, notamment dans l'aile nord qui faisait à l'origine fonction de cellier, office et cuisine, possèdent de très beaux voûtements sur croisée reposant sur des colonnes centrales. La perspective traverse une partie du parc. De l'autre côté, elle se prolonge par une allée majestueuse plantée de tilleuls, qui donne sa personnalité au village.

L'église

                    Denonville église               Denonville clocher église

L'église Saint Léger, entourée de maisons, est issue d'une longue histoire. Du début du XIIème siècle datent le chœur et la partie inférieure de la façade. On y voit d'ailleurs un charmant portail sculpté, dont le pourtour entier est décoré d'une double ligne à "bâton rompus", motif apprécié des sculpteurs romans d'Ile de France. Dans les premières années du XVIème siècle, un imposant clocher (sud-ouest) est lancé – portant le coq denonvillois à plus de trente mètres. L'escalier à vis y comporte deux passages en bois permettant de le transformer en tour de défense. La chapelle funéraire des seigneurs (nord-est) dont la clé de voûte est blasonnée, prend sa forme actuelle en 1722. Deux collatéraux sont finalement ajoutés, dans la deuxième moitié du XVIIIème siècle.

Zoom

Denonville église chapiteau

La porte située côté nord (vers 1510) mérite le coup d'œil pour ses élégantes colonnes torsadées. Contemporaines, les charpentes de la nef présentent des décors sculptés de monstres. Les quatre chapiteaux du chœur sont datables des années 1110/1130. Polychromés dans un goût néoroman, ils montrent une inspiration variée qui tend à combiner les visages, les "bandeaux en relief", les bagues et les volutes d'angles Les cloches sont exceptionnelles par leur extrême ancienneté et les informations données par leurs inscriptions. Celle de 1550 (qui sonne encore les heures) a été offerte à Denonville par Jacques de Hémard et Claude de Maulny. Celle de 1501 (brisée) a été fondue par Jehan le Maçon, Chartrain renommé pour avoir aussi réalisé l'ancien bourdon de la cathédrale.

Mémoire(s) : Charles de Hémard-Jacques René de Brisay

Marquis Denonville

Les seigneurs de Denonville forment une lignée généalogique continue (Denonville, Hémard, Brisay, Tholozan, Puységur) qui, au gré des mariages, parcourt huit cent ans, depuis les premiers chevaliers attestés par les archives (Hardouin, Eudes et Robert en 1100) jusqu'à la vente du château (1907). Deux personnalités singulières en émergent. Charles de Hémard, membre du Conseil royal de François Ier, évêque de Mâcon (1531) puis cardinal (1536), est un intellectuel brillant auquel le roi confie le rôle clé d'ambassadeur auprès du pape. Jacques René de Brizay (1637-1710), nommé en 1685 gouverneur de la Nouvelle France (Canada et Louisiane), met au pas de nombreux "coureurs des bois", relance des expéditions d'abord victorieuses (1687) contre les indiens Iroquois dont il fait des prisonniers, avant d'apprendre le massacre du village colon de Lachine (1689). Ainsi le nom de "marquis de Denonville", qui est celui d'un canton québécois, est-il aussi associé à la fondation d'un fort près des chutes du Niagara ou à un projet de conquête de Manhattan (New York) !

Tradition : Les asperges de Monvilliers

Au début du XIXème siècle, un cultivateur du hameau de Monvilliers, Simon Perrot, se lance, à partir d'une souche naturelle découverte par lui, dans la culture des asperges, qui est une première régionale. D'une taille considérable, très tendre, cette variété fait fureur dans les années 1820 quand le roi Louis XVIII, auquel on en a offert, ne jure que par ces "délices". D'autres paysans suivront les traces de Perrot, jusqu'au XXème siècle.

Mais aussi…

Les croix en fer forgé, dans le village et sur la route de Monvilliers, sont situées à de très anciens carrefours de chemin. Les anciennes fermettes ont des murs en pierre calcaire. La mare d'Adonville, située à proximité de deux grandes fermes du XIXème siècle, est un agréable site de pêche – fréquenté par plusieurs oiseaux.

Le saviez-vous ?

Au Moyen-Âge, la seigneurie de Denonville ne dépendait pas du comté de Chartres, contrairement aux autres communes de l'agglo, mais du Domaine royal (Paris - Etampes - Orléans)