04 mai 2024
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Couleuvre ou vipère ?

Biodiversité.

Une couleuvre à collier et une vipère

En région Centre-Val de Loire, sept espèces de serpents sont recensées : cinq appartiennent à la famille des couleuvres, et deux à celle des vipères. Certaines ont été identifiées dans l'agglomération par l'Observatoire de la biodiversité de Chartres métropole, qui vous en dit plus sur ces reptiles.


Les serpents sont des espèces « ectothermes », ce qui signifie qu'ils ne produisent pas de chaleur interne et ont besoin d'une source de chaleur extérieure pour maintenir leur température corporelle. Leur corps est allongé, sans anneaux visibles, ni pattes. Leurs yeux sont dépourvus de paupières : ils ne peuvent donc pas les fermer, même pour dormir.

Leur morphologie se compose de trois parties (tête, tronc, queue), recouvertes d'écailles (tégument spécialisé dans la thermorégulation). Les serpents sont des vertébrés : leur squelette est constitué de vertèbres et de côtes flottantes. C'est ce qui leur permet d'avaler plus facilement des proies de grande taille. Si les serpents sont pratiquement sourds et dotés d'une vue médiocre, ils captent très bien les vibrations. Leur sens le plus développé est l'odorat, grâce notamment à l'organe de Jacobson, qui joue le même rôle que le nez chez l'humain. Ce dernier se situe juste au-dessus de leur langue pour capter un maximum d'odeurs.

Observation

Les serpents sont plus difficiles à observer que les orthoptères, lépidoptères ou odonates, car ils sont peu mobiles en dehors des périodes de chasse et aiment se réfugier dans des zones peu accessibles, comme des ronciers et des murs de pierres. On les trouve aussi dans les bocages, les bords de routes, les lisières de bois, les coteaux rocheux… Pour identifier un serpent, l'Observatoire de la biodiversité de Chartres métropole emploie deux méthodes. La première consiste à utiliser une « plaque à reptiles ». La chaleur émise par les rayons du soleil se concentre sur la plaque, ce qui attire les serpents qui y trouvent un endroit agréable pour se poser. Ce type de piège passif permet également d'observer des lézards.

La seconde méthode est l'identification des mues de serpents, car la disposition des écailles (surtout tête et tronc) est propre à chaque espèce.

Les couleuvres

Sur le territoire de Chartres métropole, cinq espèces de couleuvres sont potentiellement présentes : la couleuvre à collier (Natrix natrix), la coronelle lisse (Coronella austriaca), la couleuvre d'esculape (Zamenis longissimus), la couleuvre vipérine (Natrix maura) et la couleuvre vert et jaune (Hierophis viridiflavus).

Les couleuvres forment la plus grande famille de serpents et se distinguent par de grandes écailles au-dessus de la tête. Leur corps est fin et long : jusqu'à 2 mètres pour certaines d'entre elles. Elles sont pour la plupart non venimeuses, et toutes sans danger pour l'Homme. La majorité des couleuvres sont diurnes et dotées de pupilles ovales. Une seule espèce possède des pupilles verticales (comme les vipères) : la couleuvre-chat (Telescopus fallax), uniquement présente dans le sud-est de l'Europe. Les couleuvres sont dites « aglyphes », sans dents spécialisées pour la chasse (crochets à venin). Certaines espèces sont toutefois capables de sécréter une salive plus ou moins toxique.

Sur le territoire de Chartres métropole, la couleuvre à collier est sans doute la plus commune : elle a déjà été recensée dans près de 20 communes. La coronelle lisse a été observée dans trois communes, notamment à Houx.

Couleuvre à collier. Crédit photo : Damien Rouger

Couleuvre à collier. Crédit photo : Damien Rouger.

Les vipères

Deux espèces de vipères sont rencontrées dans l'agglomération : la vipère péliade (Viperus berus) et la vipère aspic (Vipera aspis). À la différence des couleuvres, les vipères possèdent un corps large et une queue courte. Rares sont celles pouvant dépasser un mètre de long. Elles disposent de toutes petites écailles sur le dessus de leur tête triangulaire, d'écailles dorsales carénées (non lisses) et de pupilles verticales.

Contrairement aux couleuvres, les vipères sont toutes des espèces dites « solénoglyphes », dotées de crochets à venins placés sur les maxilles mobiles de la mâchoire supérieure. Le venin présent dans leurs glandes venimeuses remplit deux fonctions : la chasse (en tuant ou en immobilisant une proie) et la digestion (grâce à l'action d'enzymes). Les morsures sur l'Homme sont rares et surtout défensives. Mais elles peuvent être dangereuses et il est préférable de consulter un médecin.

La vipère aspic est facilement reconnaissable à la corne bien distincte sur son museau. La vipère péliade a des écailles légèrement plus grandes sur le dessus de sa tête que sur le reste de son corps.

Vipère

Vipère.

Protection

Les serpents sont les prédateurs de nombreuses espèces qui abîment les cultures et les jardins (petits rongeurs, limaces…). Ils jouent donc un rôle de régulateur essentiel dans l'écosystème, malgré leur mauvaise image dans l'esprit collectif.

Comme les amphibiens, les reptiles sont protégés en France métropolitaine par l'arrêté du 8 janvier 2021. Sont notamment interdits la destruction, la perturbation intentionnelle, la naturalisation, la mise en vente ou l'achat, la mutilation, la capture ou l'enlèvement des œufs, des nids ou des animaux, actes passibles de 3 ans de prison et de 150 000 euros d'amende.

Taxonomie

  • Les serpents appartiennent au groupe des reptiles, aux côtés des tortues, crocodiles, lézards et iguanes.
  • On compte 3 400 espèces de serpents dans le monde, dont 14 en France métropolitaine.