L'art passe à table avec l'Atelier Cena

Artiste dans l'âme, Sophie Nicolas Roy a fait de la céramique son espace scénique. Dans les locaux de BetaMachine, elle a créé l'Atelier Cena. Cena, comme le dîner, en latin. Et pour cause, puisque les objets qu'elle façonne ont vocation à être acteurs de vos repas.

Sophie Nicolas Roy a longtemps arpenté les plateaux de théâtre en tant que comédienne, avant que la céramique ne s'impose comme une évidence. « J'ai commencé en 2020, pendant le premier confinement, en Creuse, chez ma belle-mère », raconte-t-elle. Là, aux côtés de son compagnon archéologue, elle découvre la terre brute, récoltée, nettoyée et tamisée selon des procédés ancestraux. Très vite, le façonnage la captive. Cette révélation la conduit à quitter la restauration, son métier d'alors, et à suivre une formation à l'Atelier des Arts Céramiques de Tours.

Après un an d'apprentissage intensif et l'obtention de son CAP en 2022, elle installe son propre espace : l'Atelier Cena, dans les locaux de BetaMachine, cet espace hybride de créativité installé à Lucé. Depuis, elle façonne principalement des objets utilitaires pour la table : pichets, tasses, assiettes, et propose des cours et stages de modelage pour adultes, et des ateliers parents-enfants. « L'art de la table s'est imposé naturellement : j'avais envie de garder un lien avec mon parcours dans la restauration. »

Joindre l'utile à l'agréable

Dans son atelier, Sophie travaille surtout le grès roux et le grès blanc, parfois la porcelaine. Des terres cuites à haute température, jusqu'à 1 280 °C. Elle utilise la technique du tournage pour ses petites et moyennes pièces, mais explore aussi le modelage, notamment à la plaque, qui permet des formes plus sculpturales. Ses décors reposent largement sur les engobes, un mélange de terre, d'oxydes et d'eau, qu'elle fabrique elle-même. Elle mène des recherches patientes sur les couleurs, en particulier sur les bleus : « Depuis ma formation, je cherche à retrouver un bleu Majorelle », confie-t-elle. Les émaux révèlent ensuite la brillance et la profondeur des teintes.

Chaque pièce exige près d'un mois de fabrication, entre façonnage, séchage et cuissons. Un rythme lent qui donne tout son charme à des objets fécondés dans l'esprit de l'artiste, et nés de ses mains. « Ma vision est qu'il faut que l'objet serve, mais aussi qu'on ait envie de le regarder et de le toucher. » Pour l'avenir, Sophie nourrit deux projets majeurs : développer un catalogue pour démarcher les restaurateurs, et ancrer l'Atelier Cena comme un lieu vivant, à la fois de création et de transmission.

Mais pour l'heure, elle prépare avec attention son installation prochaine dans les boutiques éphémères de Noël, au sein de la galerie Monoprix de Chartres.