Morancez, c'est toute une histoire
Sur le territoire
-Publié le 04/11/2025
Territoire
Chaque mois, focus sur une commune de l'agglomération, en suivant l'ordre alphabétique. Découvrez le patrimoine, l'histoire, la mémoire de… Morancez !
L'église Saint-Germain
Elle date pour l’essentiel de l’époque romane (vers 1130-1160), comme en témoigne l’abside en demi-cercle le long du mur latéral sud mais aussi la façade, que l’on découvre ici dans son état d’origine.
Le portail est notre coup de cœur. S’il est réalisé dans les mêmes années que le portail royal de la cathédrale de Chartres, il présente tous les caractères de la sculpture romane « des campagnes ». Les arcs y sont décorés de motifs géométriques (« bâtons rompus » et « dents de scie ») et reposent sur d’intéressants chapiteaux, dont trois à feuillages, lointainement inspirés du modèle « corinthien ». Sur le quatrième, deux monstres, aux yeux extatiques et aux dents acérées, partagent la même tête. Au XIIIe siècle (vers 1210) le clocher est construit sur le flanc nord.
L’église est très souvent ouverte : entrez donc voir la belle croisée d’ogive qui soutient l’étage inférieur de cette tour. Au XVIe siècle, l’édifice est agrandi par un collatéral nord, qui ouvre par des larges arcades, sobrement profilées.

Zooms
Moïse faisant jaillir l’eau du rocher, œuvre de Giovanni Romanelli, est visible à l’intérieur de l’église au-dessus de l’entrée. Ce tableau, commandé en 1657 par la reine Anne d’Autriche pour décorer ses appartements du Louvre (cabinet « du bord de l’eau »), fait partie d’une série de six/huit grands formats, tous consacrés à l’histoire du prophète.
On parle ici d’un des meilleurs peintres du monde baroque, formé à Rome auprès du Dominiquin et de Pierre de Cortone, recruté par la France et qui, dans la composition de Morancez, laisse voir plusieurs aspects de son génie, à commencer par le geste de Moïse, ou l’entrechoquement des plis répond à la brillance des vêtements. Une peinture digne des plus grands musées du monde !

Le château de Gourdez
Le château a une (très) longue histoire qui commence dès les Xe/XIe siècles, époque à laquelle il appartient aux vicomtes de Chartres. Passé aux Fougeu d'Escures (hauts magistrats et militaires), il est reconstruit vers 1680 par Pierre II Fougeu, capitaine du régiment de Normandie, en respectant les codes de l'architecture de style « classique », selon une stricte combinaison de bandeaux horizontaux et de chaînages verticaux.
L'appareillage – compris les encadrements des fenêtres et les lucarnes – est conçu en alternance de pierre blanche et de brique. Le château, qu'a habité (v. 1848-1851) Jérôme Bonaparte, frère de l'empereur, est gravement endommagé par un incendie en 1870. Le pavillon que vous découvrez aujourd'hui correspond à la partie nord de l'édifice.
Ouvert aux visiteurs, le parc ne possède plus ses jardins à la française, mais abrite de très beaux chênes centenaires. Ceux qui prendront le temps de tourner autour de Gourdez découvriront aussi trois portails du mur d'enceinte, remontant au XVIIe et XVIIIe siècles.

La ferme seigneuriale de Chavannes
Aujourd'hui mairie de Morancez, elle est typique des manoirs de la région qui servaient aussi de grandes exploitations agricoles à cour fermée.
Il reste du corps de logis plusieurs éléments (porte et fenêtres) datant des XVIe et XVIIe siècles. La grange « dîmière », longeant la rue, avec ses pilastres en bossages, est tout aussi ancienne. Elle a gardé la charmante petite tourelle d'angle qui, sans objectif défensif, signale l'existence d'une maison « noble ».
La réhabilitation a transformé l'espace Chavannes en centre administratif, salle polyvalente et accueil de jour. Le geste architectural des nouveaux bâtiments, d'un minimalisme très « scandinave », a parfaitement intégré les bâtiments patrimoniaux.

Mais aussi…

- Le moulin de Vaufery et son site pittoresque au bord de l'Eure.
- Les graffs du passage sous la rocade : l'ensemble le plus intéressant de l'Agglo pour les amateurs de Street Art.
- Quinze portails de ferme aux piliers de pierre : le plus bel ensemble de ce type dans la région.
- Parmi les nombreuses maisons construites en brique au XIXe siècle, et qui donnent leur personnalité à la rue de Chartres, des fermes (avec entrée de grenier sur rue) et un ancien café, au n° 19 (1866).
Mémoire(s) : le dolmen de la « Pierre qui Tourne », étonnant témoignage du néolithique

Le dolmen (entre 4000 et 2500 av J.C.) est l'un des plus importants de la région. Son emplacement, au coeur d'un lotissement pavillonnaire (ce qui a provoqué en 1982/83 son bouleversement, puis son classement « monument historique » en procédure d'urgence) ne doit pas vous décourager. Cinq pierres, en grès sparnacien (comme celui d'Épernon), correspondent ici aux supports de l'ancienne chambre funéraire, ainsi qu'à la dalle de couverture. L'élément principal de cette dalle, aujourd'hui fracturée, mesure encore 6,5 mètres de long sur 3,7 mètres de large, pour environ un mètre d'épaisseur, soit 45 tonnes !
Le nom se rattache à une légende des veillées de chaumière : à minuit, la nuit de Noël, certains dolmens tournaient sur eux-mêmes, de façon surnaturelle, laissant voir quelques instants… un trésor.
Tradition : les passerelles en pierre dans les vallées de l’Eure et du Poulain
Coup de cœur : dans un environnement agréable de prairies de fond de vallée, les passerelles piétonnes multiséculaires sont réalisées à partir d’énormes blocs de pierre calcaire (dite de Berchères), aujourd’hui creusées par le passage des gens et qui reposent sur des piles ancrées dans le lit de la rivière. Trois existent encore, dont la plus longue est celle du gué Bourget.
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