Biodiversité : chercher la petite bête

Connaître pour mieux protéger : Chartres métropole a fait appel à des experts pour réaliser un inventaire des coléoptères présents dans les prairies de Luisant, des Trois-Ponts et de Fontaine-Bouillant. Objectifs : agir pour préserver la biodiversité.

La Vallée de l'Eure, classée Espace Naturel Sensible, est un magnifique coin de nature. Pour mieux le protéger, le Conservatoire d'Espaces Naturels Centre-Val de Loire a mis à jour un plan de gestion pour la période 2023-2032. Pour y apporter sa contribution, Chartres métropole a fait appel à de vrais experts des petites bêtes : l'OPIE (Office pour les insectes et leur environnement). Leur mission ? Réaliser un inventaire des insectes, et plus précisément des coléoptères saproxyliques (qui vivent grâce au bois mort). Trois sites dans l'agglomération ont été choisis pour mener cette grande enquête : la prairie de Luisant, la prairie des Trois-Ponts, la Prairie de Fontaine-Bouillant.

Les coléoptères, le recyclage au naturel

Les coléoptères sont tout simplement les insectes les plus nombreux en France, avec près de 12 000 espèces. Coccinelles, hannetons, scarabées… Tous appartiennent à cette grande famille, qui a conquis tous les milieux, sauf le monde marin. Mais attention, s'ils sont nombreux, ils ne vivent pas n'importe où. Beaucoup sont très exigeants sur leur habitat : humidité, lumière, acidité du sol… Et ils occupent chacun leur petite niche. Certains préfèrent l'écorce, d'autres les racines, d'autres encore les feuilles.

Les coléoptères saproxyliques, eux, sont carrément fans du bois mort ou en décomposition. Un arbre mort au sol ou encore debout, c'est pour eux un palace où ils se nourrissent, se reproduisent et participent à la décomposition du bois… ce qui enrichit les sols. Bref, de vrais agents du recyclage naturel !

Pourquoi cet inventaire ?

Pour bien protéger, il faut d'abord connaître. L'objectif de l'étude est donc de dresser la liste des coléoptères présents, avec un focus sur les coléoptères saproxyliques (qui vivent dans le bois mort), les carabidés des milieux humides (sensibles à la qualité des zones humides), et les coprophages (qui se nourrissent d'excréments, signes de la bonne santé des pâturages). L'inventaire permettra de mieux comprendre les espèces présentes et les enjeux pour les protéger, d'évaluer le rôle des fameux arbres têtards (ces arbres taillés plusieurs fois qui abritent toute une vie), et de proposer des actions pour préserver la biodiversité.

La Vallée de l’Eure est un magnifique coin de nature à protéger et préserver.

Des pièges ingénieux

Pour capturer ces petits coléoptères, plusieurs techniques ont été mises en place entre avril et juillet : des pièges à interception pour capturer les insectes en vol ; des nasses fixées sur les troncs ; des pièges « Barbers » enterrés dans le sol pour piéger les insectes qui se baladent sur la litière. En complément, les naturalistes de l'Office pour les insectes et leur environnement ont également arpenté les prairies pour soulever des morceaux d'écorce et voir qui se cache dessous, secoué les branches au-dessus d'un drap blanc, et même utilisé un aspirateur à insectes pour capturer les plus petits individus.

Les échantillons ont ensuite été envoyés au laboratoire, bien au frais, pour être identifiés sans abîmer les spécimens.

Et les résultats ?

Patience ! Un rapport complet sortira fin 2025. Il contiendra : la liste des espèces trouvées sur les trois sites, une analyse des espèces rares ou importantes, un diagnostic sur la qualité écologique des sites et des arbres têtards, et des recommandations pour préserver ces insectes essentiels et leurs habitats.

Grâce à cet inventaire, on saura beaucoup mieux qui vit dans la Vallée de l'Eure, et surtout comment protéger ces petites bêtes qui jouent un grand rôle dans nos écosystèmes.