La Bourdinière-Saint-Loup, c’est toute une histoire

Dans vos communes.

Chaque mois, focus sur une commune de l'agglomération, en suivant l'ordre alphabétique.

Découvrez le patrimoine, l'histoire, la mémoire… de la Bourdinière-Saint-Loup.

Le château de Chenonville

En 1388, Jean Guillier reçoit l'autorisation de fortifier son manoir, qui est entouré de douves. Le château, propriété au XVIIe siècle du maire de Chartres, Miles Noël, revient par descendance aux Brouilhet de la Carrière puis à l'épouse du marquis de Roussy de Sales. Propriétaire d'une laiterie et maire de Saint-Loup, l'homme garde jusqu'aux années 1906/1908 un train de vie aristocratique.

En plus des onze enfants du couple, logent ainsi au château : un cocher, une cuisinière, une institutrice particulière, trois femmes de chambre et deux jardiniers. L'édifice daterait pour l'essentiel du début du XIX e siècle. Cependant, le beau pavillon central conserve des parties plus anciennes : soubassements, ébrasements des fenêtres et charpentes.

Dans le parc, un parcours est librement ouvert aux visiteurs, du lundi au vendredi. On peut, grâce aux panneaux et bornes interactives, y découvrir les caractéristiques des différents milieux naturels du département (plaine, bocage, forêt, marécage), s'initier à la reconnaissance des espèces, aux traces laissées par les animaux et à l'identification du chant des oiseaux. Une idée de sortie en famille…

Les statues de l'église

L'église de Saint-Loup abrite dix-neuf sculptures de bois polychrome, de formats divers, datant du XVII e siècle. Pareil ensemble n'a aucun équivalent dans la région de Chartres. En plus de trois Vierges à l'Enfant, des saints vénérés dans l'ancienne paroisse (saint Loup, saint Gilles) et de ceux populaires dans l'ancienne France (sainte Barbe, saint Nicolas), on peut y découvrir deux groupes Marie / saint Jean provenant de descentes de croix. Les sculpteurs, dont le travail comporte certes quelques naïvetés, ont su rendre les expressions douloureuses des personnages avec une bouleversante authenticité.

Pourquoi autant de statues ? L'église de Saint-Loup est le seul lieu de culte survivant des cinq églises et chapelles qui existaient encore vers 1750 sur le territoire de la commune.

Zoom

Les vitraux de l'église ont été réalisés à la fin du XIX e siècle par les ateliers Gesta de Toulouse. En plus des saints patrons, on trouve André, Jacques, Jean, Thérèse : Raoul de Roussy de Sales a offert ces verrières à la naissance de ses différents enfants.

Mares et lavoirs

La commune compte aujourd'hui quatre mares, à Chenonville, Boisvillette, Saint-Loup et au Temple. Deux mares ont leurs lavoirs, qui ont d'ailleurs conservé les charpentes anciennes. On y voit les rouleaux qui servaient à régler la hauteur des chaînes, soutenant au ras de l'eau le plancher mobile.

La Bourdinière et le Temple

C'est en 1191 qu'est fondé le prieuré Notre-Dame de la Bourdinière, d'après une charte sur parchemin, rédigée en latin, encore consultable. Alix - Adelicia - fille du roi de France, comtesse de Blois-Chartres depuis 1164 et son mariage avec Thibaut V, exerçant depuis peu la régence du comté au nom de son fils mineur, fait donation aux religieux de l'abbaye de la Gâtine (Touraine) de plusieurs terres seigneuriales situées au sud de Chartres, avec obligation de construire au bord de la route un hospice « pour y célébrer le service divin » et « y accueillir les pauvres, qu'ils soient infirmes ou en bonne santé, fatigués par les tracas du voyage ou interrompus par la tombée de la nuit ». Déjà, la future N10 y apparaît donc comme l'un des axes structurants du réseau routier français.

Le prieuré, bâti en calcaire et grison, aujourd'hui transformé en maison d'habitation, abrite encore un lavabo liturgique du XIIe siècle. Dès 1192, la même comtesse fonde, cette fois avec l'ordre des Templiers, la commanderie de Sours. Cinq cents mètres plus au nord, elle confie au nouvel établissement d'autres terres, rassemblées dans la seigneurie « du Temple » et y fait bâtir une chapelle.

Mémoire(s) : Une vie, Ephraïm Grenadou

Dans les communes rurales, la mémoire orale des anciens modes de vie et mentalités disparaît, faute d'avoir encore des « anciens » et de les faire parler. Rien de tel ici : quand l'écrivain Alain Prévost, venu habiter le bourg, se prend d'intérêt pour Ephraïm Grenadou, agriculteur local, il fait le pari de travailler à un « livre-témoignage », sur le modèle de best-sellers américains : ce sera Grenadou, paysan français, paru en 1966 aux éditions du Seuil. Énorme succès, plusieurs fois réédité, et qui vaudra au co-auteur d'être invité dans des émissions télé sur l'ORTF

On trouve dans cette autobiographie toutes les idées (et les mots) d'un exploitant céréalier typique de la région, qui a vécu la rapide modernisation du monde agricole, passant progressivement de 9 à 170 hectares et basculant de la traction cheval aux moissonneuses-batteuses : regard aiguisé sur l'évolution des relations sociales – l'émergence de l'individualisme, ou sur le progrès du confort matériel – électricité, eau courante. Avec malice et sans forfanterie, plein de bon sens sans être conformiste, il se remémore les différents aspects de sa vie quotidienne, à la fois banale et passionnante.

Tradition : prier saint Loup contre la peur

La fête de saint Loup est fixée, depuis des temps immémoriaux, au 1 er septembre. Jusqu'aux années 70, les habitants de toute la région, dans les pas de leurs ancêtres, venaient toucher le reliquaire contenant un ossement de saint Loup avec l'envie d'être guéri – ou de faire guérir leurs enfants – des crises d'angoisse.