04 May 2024
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Des vestiges de la Seconde Guerre mondiale à Lucé

C'Chartres Archéologie.

Les équipes de C'Chartres Archéologie sur le terrain à Lucé

C'est à l'occasion d'un diagnostic mené par C'Chartres Archéologie à Lucé, Place du 19 mars 1962, que des vestiges allant de l'Antiquité à la Seconde Guerre mondiale ont été mis en lumière.

Un site rural, de l'Antiquité à l'époque moderne

Déjà au XIXe siècle, Lucé avait livré les témoignages d'une occupation antique, en lien probablement avec la toute proche Chartres-Autricum, dont le fossé de délimitation n'est qu'à 800 m au nord-est du secteur diagnostiqué. Il s'agit alors d'un site rural et il faut attendre les Xe et XIe siècle pour voir un développement plus marqué, notamment par la construction de l'église Saint-Pantaléon. Non loin de là, on note aussi une activité viticole, plus difficile à dater, avec des fosses de plantation de vignes.

Malgré la neige et le verglas de ce mois de janvier 2024, l'équipe de C'Chartres Archéologie a apporté grâce à ce diagnostic archéologique des données supplémentaires.

Pour l'Antiquité, on a pu relever la présence d'une fosse dépotoir, contenant les restes des animaux représentatifs de la « triade domestique », c'est-à-dire bœuf, cochon et ovin-caprins.

Parmi les rares vestiges de l'Antiquité, cette fosse dépotoir, contenant des restes d'animaux

Aucune trace laissée par la période médiévale n'a été relevée, ce qui suppose que le secteur conserve son caractère majoritairement rural, tandis qu'un village se développe plutôt à l'est de l'église.

Sous le bitume, les impacts de bombes

Le plus remarquable lors de cette opération est la découverte de trois grands impacts de bombes datant de la Seconde Guerre mondiale. En effet, loin de désintéresser les archéologues, les vestiges du XXe siècle sont documentés avec la même attention que pour les périodes précédentes, et entrent pleinement dans ce qu'on nomme l'archéologie contemporaine.

Le premier impact relevé témoigne de la violence du choc : une grande fosse de 9 mètres de long, pour plus d'un mètre de profondeur. On voit bien son comblement, en argile grisâtre, qui apparaît à quelques centimètres sous le bitume actuel.

L'une des deux grandes fosses, résultant de l'impact d'une bombe

Deux autres impacts, de proportions comparables, ont été relevés à proximité. Ces découvertes sont cohérentes avec une photographie aérienne de 1944, où apparaissent encore d'autres impacts, à l'ouest et au nord des fosses décrites ici.

L’emprise du diagnostic de Lucé, positionnée sur une vue aérienne de 1944. En vert, les fosses fouillées, correspondant aux impacts de bombe. D’autres cratères sont bien visibles, à l’ouest et au nord notamment. Source : Archives départementales.

Lucé, comme Mainvilliers, ont été les cibles de bombardements des Alliés en juillet 1944. Les objectifs visés : les voies de chemin de fer et les casernes. La mise au jour de vestiges de la Seconde Guerre mondiale constitue un pan particulier de l'archéologie, car il s'agit d'un passé très proche, si proche qu'il est presque sous les pieds des promeneurs, dissimulé par la chaussée contemporaine.