Frayère artificielle pour brochets naturels
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-Publié le 17/11/2025
Biodiversité
En 2007, Chartres métropole s'associait à la Fédération départementale de pêche pour créer une frayère à brochets au cœur de la prairie humide de Luisant. Après plus de 15 ans de bons et loyaux services, cette zone de reproduction vient d'être restaurée pour retrouver son efficacité.
Retour aux sources
En 2004, Chartres métropole lance l'aménagement de son Plan Vert, avec pour grands principes la protection et la préservation du patrimoine naturel, l'entretien de la rivière, et la création de promenades au fil de l'eau.
Dans la prairie de Luisant, une zone humide à l'abandon, les espaces sont alors nettoyés, les fossés sont renaturés, et un plan de gestion de ce secteur classé Natura 2000 est établi. Grâce à la création de pistes piétonnes et cyclables, l'accès est ouvert aux promeneurs, qui sont sensibilisés aux problématiques de sauvegarde de ce milieu humide très fragile via des panneaux.
En 2007, en collaboration avec la Fédération de Pêche d'Eure-et-Loir, Chartres métropole décide d'y aménager une frayère artificielle (voir en pages suivantes).
Objectif : offrir une zone de reproduction efficace au brochet en milieu urbain (ce qui n'est pas commun !).
Une nourricerie qui fait des petits
Entre 2007 et 2024, la frayère assure sa mission. Elle remplit pleinement son rôle de zone de reproduction.
Avant chaque réouverture du vannage de la frayère au printemps, qui permet aux alevins (bébés brochets) de rejoindre la rivière, un inventaire est mené avec la Fédération de Pêche d'Eure-et-Loir. Cette pêche d'inventaire montre que la reproduction a bien eu lieu, on peut en déduire que la reproduction sur les secteurs plus naturels a bien fonctionné également. Et cela est confirmé par l'observation des classes d'âges des brochets lors des pêches d'inventaire réalisées régulièrement sur l'Eure.
Une restauration nécessaire
Pendant plus de 15 ans, les limons de la rivière se déposent dans la frayère. La végétation colonise les fossés qui ont été créés. Chartres métropole et la Fédération de Pêche d'Eure-et-Loir constatent que la frayère perd en surface utilisable pour les brochets (colonisation par les végétaux), mais aussi que sa mise en eau est plus rare qu'à l'origine, le fond des fossés étant désormais plus haut (sédimentation des limons).
En 2025, la remise en état de la frayère est lancée.
Un havre de biodiversité
Au printemps, un nettoyage sélectif de la végétation est effectué. La végétation retirée est remplacée par des herbacés plus propices à la reproduction des brochets. La végétation conservée permet de diversifier les habitats du milieu. Car si les brochets profitent de cet espace, des dizaines d'autres espèces s'y épanouissent aussi : amphibiens, oiseaux, insectes.
Le brochet est une espèce repère de la qualité de la rivière. Lorsque sa population est présente et en bonne santé, c'est l'ensemble de l'écosystème local qui se la coule douce !
Ensuite, place aux travaux de terrassement pour retrouver le fond d'origine de la frayère. Durant l'été, on extrait limons, feuilles mortes et autres déchets organiques en décomposition qui se sont accumulés sur une quarantaine de centimètres depuis 2007. Ces éléments sont stockés sur place pour sécher avant d'être évacués : ce sont les tas de terre que vous avez pu apercevoir cet été en vous promenant dans la prairie de Luisant.
En fin d'été, l'ensemble des déblais est évacué vers le Centre technique municipal voisin : cette terre sera réutilisée pour d'autres aménagements paysagers et naturels dans l'agglomération. Riche en matière organique, elle sera utile pour remblayer des zones à végétaliser ou enrichir des terres de moins bonne qualité.
Et voilà ! La frayère est de nouveau prête pour 15 à 20 années de service !

Frayère naturelle, frayère artificielle, et gestion des crues
La frayère artificielle tend à reproduire les conditions de ponte d'une frayère naturelle. Explications.
Une ponte particulière
Contrairement à d'autres poissons, le brochet ne pond pas ses œufs sur des plantes aquatiques ou les sédiments de la rivière, mais sur des herbes qui poussent en zone inondable. La zone doit être exondée (= hors d'eau) en printemps/été/automne pour que les herbacées poussent. Mais elle doit être inondée durant une quarantaine de jours, de février à mai, pour être accessible au brochet depuis la rivière et permettre le cycle de reproduction.
Les frayères naturelles trouvent donc leur place dans certains bras de rivière, des prairies humides ou des confluences entre deux cours d'eau. Les périodes de mise en eau longues sont toutefois de moins en moins fréquentes, l'arrivée et le retrait des crues étant aujourd'hui plus intenses et rapides qu'avant.
Le brochet peut pallier cette situation en utilisant des hauts de berges, qui sont hors d'eau durant une majeure partie de l'année et en eau l'hiver, pour effectuer son cycle à l'état naturel.
Aux petits soins des berges
D'où l'importance des travaux de restauration réalisés chaque année par Chartres métropole pour remettre en pente douce les berges de rivière : cela offre des alternatives aux brochets.
Sur le territoire de Chartres métropole, les zones d'expansion de crues, comme les prairies humides, jouent un double rôle : elles favorisent la reproduction du brochet, tout en retenant l'afflux d'eau.
Les vannes de la frayère artificielle sont ouvertes en février pour que les brochets géniteurs puissent venir frayer. Elles sont maintenues fermées jusqu'à ce que les alevins soient aptes, puis ouvertes pour qu'ils retrouvent la rivière, et la liberté !
Gestion cruciale des crues
Mais en milieu urbain, comment concilier reproduction du brochet, qui implique des zones d'inondations prolongées, et prévention des inondations ?
Pour limiter les débordements, Chartres métropole anticipe l'arrivée d'une crue par l'ouverture progressive des vannages 2 à 5 jours avant pour vidanger les prairies. Ainsi, elles jouent leur rôle d'éponge en absorbant une partie des débordements.
Et lorsque la crue est passée, les vannages sont progressivement fermés pour de nouveau vidanger les prairies… et se préparer ainsi à l'arrivée de l'éventuelle crue suivante.
Une solution pour retenir l'eau et favoriser la reproduction du brochet en prairie humide en zone urbaine est de recourir à une frayère artificielle. C'est le choix qui a été fait à Luisant.
La frayère artificielle
Elle consiste à aménager des fossés le long d'un chenal principal. L'aménagement est doté d'un vannage spécifique qui est fermé pour maintenir l'ennoiement sur une durée nécessaire, sans impacter la gestion des crues. De fait, seule la frayère est maintenue inondée, tandis que les alentours conservent leur rôle de zone d'expansion des crues. Les brochets peuvent pondre en toute tranquillité. L'incubation et l'éclosion s'effectuent durant les 40/45 jours d'ennoiement. Lorsque le cycle est terminé une ouverture progressive permet aux nombreux alevins de rejoindre tranquillement l'Eure afin de continuer leur développement dans le milieu naturel : la rivière.
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