Elles courent, elles courent, les maladies des arbres...

Biodiversité

La direction du Patrimoine Naturel de Chartres métropole assure un contrôle renforcé des arbres malades, en les identifiant et en intervenant avec des protocoles spécifiques pour limiter toute propagation des pathogènes, et préserver ainsi le précieux patrimoine arboré dans l'agglomération.

Ces vingt dernières années ont été marquées par de nombreux épisodes de canicule en France, notamment durant les étés 2003, 2005 et 2006, et plus récemment en 2019 et 2022. Ces périodes de fortes chaleurs ont favorisé l'apparition et le développement de nombreux pathogènes (insectes et champignons) sur les arbres, avec des conséquences parfois dévastatrices entraînant la mortalité de certaines essences. Ce mois-ci, focus sur deux maladies : le chancre coloré du platane et la suie de l'érable.

Le chancre coloré du Platane

Son apparition en Eure-et-Loir remonte à la canicule de 1976. À Chartres, cette maladie a été identifiée pour la première fois sur un platane en 2022. Le champignon responsable est le Ceratocystis platani. Très virulent, il ne s'attaque qu'aux platanes et il est inoffensif pour les autres essences végétales, les animaux et l'Homme. Le champignon pénètre dans un arbre blessé via le système racinaire ou les parties aériennes. Il peut se maintenir dans le sol et les racines contaminés plusieurs années, tout en restant contaminant, ce qui en fait une maladie très difficile à maîtriser. Il provoque un dessèchement rapide et un dépérissement total de l'arbre en quelques années seulement. Le champignon se dissémine par des débris de bois contaminés ou par le biais de l'eau ou d'outils et d'engins de travaux, constitue un risque majeur de dissémination de la maladie.

Nuisible

Organisme nuisible réglementé, le chancre fait l'objet d'une lutte obligatoire, mise en place par l'arrêté du 22 décembre 2015 qui prévoit les mesures de surveillance, de prévention et d'éradication à entreprendre dès qu'un cas est déclaré. Problème : il n'existe pas de traitement curatif pour enrayer l'apparition de ce champignon. Seul moyen de lutte et de prévention : l'abattage des sujets atteints et des arbres situés dans un périmètre proche, ainsi que la désinfection des outils et engins de chantier. Le bois est ensuite brûlé pour éviter toute propagation du champignon. Quand un cas de chancre est déclaré sur une commune, tous les platanes du territoire communal sont mis sous surveillance pendant dix ans. Et toute intervention à proximité de ces arbres nécessite des précautions particulières.

La suie de l'érable

Originaire des États-Unis, la suie de l'érable a fait son apparition en Europe en 1945, suite à un été caniculaire. Après la canicule de 2003, une campagne d'abattage d'érables atteints de cette maladie a été menée dans des boisements parisiens. En 2022, des sessions d'abattage ont été réalisées sur le territoire de Chartres métropole pour lutter contre cette maladie. Le pathogène est un champignon, Cryptostroma corticale, qui s'attaque principalement à l'érable sycomore (Acer pseudoplatanus). Mais d'autres variétés, comme l'érable plane (Acer platanoïdes), l'érable champêtre (Acer campestris) et l'érable négundo (Acer negundo) sont également touchées.

Poudre noire

Le champignon pénètre dans l'arbre par une blessure (choc, casse, blessures d'élagage…). Il se développe ensuite dans son bois. Les spores peuvent apparaître progressivement pour se disséminer (par le vent) sur les autres arbres voisins. La particularité de cette maladie est l'apparition d'une poudre noire sur l'arbre, d'où son nom de « maladie de la suie ». Les autres symptômes sont le dessèchement des rameaux et l'enroulement des feuilles, la chute des feuilles, l'exfoliation de l'écorce et une teinte brun-verdâtre du bois profond.

Tout comme le chancre coloré du platane, il n'existe pas de moyen de lutte curatif. La meilleure méthode reste l'abattage des arbres malades, dans le respect de règles de sécurité et d'hygiène pour éviter la propagation et l'inhalation des spores du champignon, qui peuvent être problématiques pour l'Homme. L'exportation et le brûlage du bois restent la solution la plus sûre pour éradiquer la maladie, et la désinfection des outils une nécessité absolue.

Vigilance !

Vous l'aurez compris, la vigilance reste de mise pour permettre à nos arbres de perdurer. Si vous avez le moindre doute sur la santé de vos arbres, n'hésitez pas à vous tourner vers une entreprise spécialisée. Les principaux signes qui peuvent alerter sur la mauvaise santé ou du dépérissement d'un arbre sont : la perte précoce des feuilles, l'éclaircissement du système aérien en cime d'arbre, un assèchement, une coloration anormale du tronc et/ou des branches, la présence de boursouflures…