23 mars 2023
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Clévilliers, c'est toute une histoire

Patrimoine, histoire, mémoire.

Clévilliers, c'est toute une histoire

Chaque mois, focus sur une commune de l'agglomération, en suivant l'ordre alphabétique.

Découvrez le patrimoine, l'histoire, la mémoire… de Clévilliers.

Le moulin de pierre

Seul moulin à vent (sans ailes…) qui continue de dresser sa silhouette - iconique - à l'intérieur du périmètre de Chartres métropole, où en existait autrefois plus d'une centaine, il est aussi l'un des rares à avoir été construits en dur, tandis que les moulins pivots en bois étaient la norme. Elevé aux alentours de 1610, en maçonnerie de silex sur trois assises de grès, il possède plusieurs ouvertures en brique, dont deux grandes portes surbaissées, placées en opposition : ainsi, il était possible d'accéder au rez-de-chaussée sans danger, quelle que soit la position des ailes. Les plus observateurs verront les traces des planchers, des cheminées et du rail en bois, sur lequel pivotait le toit. Il a cessé son exploitation vers 1870.

L'église

Elle conserve une belle façade du XIIème siècle en pierre de grison, très proche de son état originel. Quatre contreforts bruns rythment le mur de pignon. Un arc en plein cintre, fait de calcaire blanc, surmonte la porte. Les murs latéraux ont été largement repris au XVIème siècle : certains des contreforts jouent aussi de l'alternance des matériaux. L'église est consacrée à Saint-Martin : son vitrail d'axe, réalisée par les ateliers Lorin, lui est d'ailleurs dédié.

Ruines du château - Le Boulay d'Achères

Ce château style Louis XV, qui succédait à plusieurs édifices antérieurs, fut édifié vers 1730 par le receveur général des finances Charles Bernard de Montigny, qui venait d'acquérir les lieux. Ses façades avaient fière allure. Il n'en subsiste malheureusement que les fondations, l'ensemble des douves qui délimitent un vaste terre-plein carré - faisant près de cent mètres de côté -, le pont en pierre de taille, ainsi que la grille en fer forgé qui clôturait la cour avancée.

L'étonnant « trésor du Boulay »

1837 : un agriculteur, au cours d'un labour profond, heurte un vase de terre cuite. S'en échappent plus de 8000 pièces de monnaie, en partie agglomérées par la corrosion. Ces antoniniens (petits bronzes parfois recouverts d'une pellicule d'argent, pour donner l'illusion d'un métal plus précieux) montrent le profil de douze empereurs romains du IIIème siècle, où figurent Gallien (253- 268), Aurélien (270-275), Dioclétien et Maximien Hercule (284/286-305). Les pièces frappées le plus récemment correspondent, de toute évidence, à l'année d'abandon : c'est en 287/288 qu'un riche propriétaire gallo-romain les a dissimulées dans un mur de sa villa rurale, quittant précipitamment les lieux devant le raid de tribus franques.

Mémoire(s) : La longue histoire des seigneurs du Boulay d'Achères

Une charte sur parchemin témoigne d'une transaction passée en 1214 par le seigneur du Boullay d'Achères, Guérin de Friaize. Co-donateur d'une verrière de la cathédrale de Chartres, il y est représenté en armes, son écu posé à terre. Chacun comprendra qu'avoir le « portrait » d'un habitant des lieux au XIIIème siècle est fait exceptionnel. Au XVème siècle, les terres sont propriétés des Levacher, seigneurs à Levéville. Par mariage, elles passent aux Briçonnet (1506) puis aux Le Tonnelier de Conti (1580). Vers 1687, la seigneurie est achetée par Charles Gaspard Dodun, magistrat de noblesse (très) récente, extrêmement fortuné. Il est attaché à ce lieu de villégiature, comme en témoignent les échanges avec son intendant, sur le choix des arbres fruitiers à planter. Son fils, qui conserve quelques temps Le Boulay, est l'un des principaux dignitaires de la couronne de France : président du Parlement de Paris (1710) puis ministre des finances (1722).

Tradition : Accidents de la vie

Les registres paroissiaux, qui renseignent sur l'état-civil, sont aussi le témoignage réel de la vie du village. On y devine le plus terrible hiver du petit âge glaciaire (-22 °C à Paris) : Françoise Barbereau, en janvier 1719, doit être inhumée dans l'église, « n'ayant pu faire une fosse au cimetière, la terre étant trop gelée par la rigueur du froid ». En 1783, est enterré (en l'absence de ses parents !) un nouveau- né, placé depuis quelques mois en nourrice, enfant d'un doreur parisien réputé, Emmanuel Rachinel de la Planche. Des cambriolages surviennent : « des gueux, ingrats et scélérats forcèrent tout dans ma maison », se plaint en 1736 le curé des Chaises. Un crime affole Clévilliers le 17 novembre 1782 : le berger Michel Robillard est retrouvé, tué d'un coup de fusil devant sa maison, affaire qui ne sera jamais élucidée.

Plusieurs hameaux

Le bourg de Clévilliers s'appelait autrefois Clévilliers le Moutiers (l'église), pour le différencier de Clévilliers au Bois (aujourd'hui la Bréqueille). Le hameau de Bouard, comme les deux précédents, appartenait aux chanoines de la cathédrale. Les Chaises comptait au XVI e siècle moins de vingt habitants, qui revendiquaient ainsi d'être la plus petite paroisse « autonome » de cette partie de la France.

Zoom : l'ancienne ferme du château

L'ancienne ferme du château comprend plusieurs bâtiments, dont un pigeonnier et une belle aile aux chaînages de brique et aux portes à fronton, qui remonte probablement au début du XVIIIème siècle.